vendredi 28 juillet 2017

Le Brésil : une terre d'or compromise.

Quel beau potentiel qu’est celui que le Brésil possède en son cœur. Un grand pays ensoleillé de deux cent six millions d’habitants, une septième puissance mondiale qui gagne chaque année un peu plus en prospérité, le siège du plus long fleuve du monde, et bien sûr des deux-tiers de l’Amazonie.

L’Amazonie. Qu’est-ce qu’elle vous évoque, cette région ? Une forêt, sans doute, mais pas n’importe laquelle : la plus grande du monde ! Des millions d’espèces végétales et animales y résident. Des centaines d’espèces différentes de mammifères, d’oiseaux (particulièrement nombreux et divers), de poissons et autres. Or cette aubaine n’est pas envisagée de la même manière pour tous. Certains y voient une nature exubérante à scruter dans les moindre détails, tandis que d’autres ne visualisent que l’argent qui pourrait en être extrait. Non, ce n’est pas une légende. Il ne s’agit pas que d’uniques quelques mètres carrés déboisés. C’est un véritable danger à l’échelle mondiale qui s’installe depuis plusieurs années.


La forêt amazonienne n’est pas l’unique forêt du Brésil, c’est simplement celle dont il reste encore la plus grosse part. Nous pouvons ainsi citer la forêt Atlantique, près de la côte, dont il ne reste plus grand-chose : seulement 7,3% de sa superficie initiale. A la place, on y retrouve de grandes villes, de nouveaux emblèmes… et probablement des milliers de cadavres invisibles, ceux de toutes sortes d’espèces dont on ne parlera plus jamais. Alors, on rase ce qu’il reste ou on ouvre les yeux ?
La forêt amazonienne ne suivra probablement pas le même dessein que celle Atlantique. Le climat y est moins agréable, il est peu probable qu’une nouvelle capitale y émerge. Mais la surface est bien plus grande, ainsi elle présente un aspect très alléchant économiquement. Il parait en effet intéressant de la rentabiliser dans le but de faire fonctionner le pays grâce aux gains tirés. Pas de panique, vous allez comprendre ce que cela veut dire.

Quelles sont donc les menaces réelles ? Malheureusement, il y en a un certain nombre : l’élevage et l’agriculture illégaux, les exploitations minières, le braconnage, les extractions de pétrole et de gaz, les captures illégales de toutes sortes d’animaux, la contamination de l’eau et des sols, la construction d’infrastructures polluantes comme des barrages, les incendies volontaires pour dégager le terrain… toutes ces formes de déforestation et d’autres tortures égoïstes conduisent ainsi le Brésil à un bien triste état. Des zones entières de la forêt amazonienne sont aujourd’hui complètement polluées, voir inhabitables pour quiconque. Un constat plutôt aberrant lorsque l’on sait que des peuples entiers d’amérindiens vivaient dans cette forêt. Leur population s’est réduite de quelques millions. Le meurtre est un crime, alors pourquoi n’y a-t-il ici aucune condamnation ? Les bénéfices sont-ils importants au point de tuer ? Cela voudrait-il dire que l’argent est devenu plus fort que son propre créateur au point de nous rendre fous ?

Reprenons donc quelques points. Ces feux de forêts, volontaires, comme il est noté ci-dessus, quel en est le vrai risque ? Bien sûr, ils sont difficiles à maitriser et réduisent à néants des habitations d’animaux –les animaux en eux-mêmes, d’ailleurs-, des arbres, diverses plantes … Diverses, s’il est possible de l’écrire, puisque ces feux la réduisent considérablement, cette diversité. On dénombre 627 espèces animales en voie de disparition au Brésil. L’argent est ainsi plus puissant que l’eau, que les arbres, que les animaux, que nos semblables. Or l’argent ne nous immunise pas. C’est avec joie que vous apprendrez que ces incendies volontaires représentent ¾ des émissions de CO2 dans le pays. Les remparts de billets ne protègent pourtant pas contre les cancers. On continue ?
Pour tous ceux sensibles à la cause animale, vous ne serez pas déçus non plus. Les captures d’animaux en tous genres représentent le troisième commerce le plus lucratif au monde, après les drogues et les armes (cela rapporterait environ deux milliards de dollar aux trafiquants). Aucune espèce n’est épargnée (oiseaux, pumas, singes, tortues, serpents…). Ce sont 38 millions d’animaux qui sont capturés frauduleusement au Brésil chaque année. Les bas prix à la vente encouragent ces trafics, que l’on retrouve dans un nombre faramineux d’animaleries un peu partout dans le monde. 90% des animaux meurent pendant le transport. Il existe bien des centres de réinsertion pour tenter de remettre en liberté les animaux trouvés et saisis des mains des trafiquants par l’Etat, comme le centre de tri d’animaux sauvages (Cetas) à Rio de Janeiro. Malheureusement,  les bêtes ont généralement été trop maltraitées pour pouvoir retrouver une vie normale (impossibilité de voler etc.). Même les zoos déjà surpeuplés ne peuvent pas les accueillir… Seul 20/30% d’entre eux peuvent ainsi retrouver une vie normale.

Vidéo montrant les animaleries typiques participant à ces trafics. 

Les captures et le braconnage continuent de sévir malgré les interdictions. 627 espèces au Brésil sont en voie de disparition, selon le ministère de l’environnement. Voyez-vous à quoi ressemble l’ara de Spix, le beau Blu du dessin animé Rio ? Il n’en reste plus que quelques dizaines en captivité, peut-être que certains individus ont été aperçus en liberté. L’espèce semble condamnée, comme bien d’autres.


Certaines activités humaines ont également des répercussions plus importantes que ce dont on a l’impression au premier abord. Les barrages ont vraiment des fins dévastatrices, par exemple. Ils inondent des terrains complets, pour en général un faible rendement. Peut-être avez-vous entendu parler du scandale de Belo Monte, censé être le troisième plus gros barrage du monde. De nombreuses figures se sont dressées contre, du célèbre chef indien Raoni, jusqu’au chanteur Sting. Malgré toutes ces oppositions, le projet semble être toujours d’actualité, bien que peu d’informations récentes soient parvenues à ce sujet. D’un autre côté, il s’agissait d’un projet de barrage hydroélectrique, alors vaut-il mieux abandonner le projet et préférer le nucléaire ? Il s’agit d’un véritable sac de nœud, dont on n’envie aucun aboutissement. Il faudrait envisager d’autres énergies renouvelables, mais le Brésil est-il prêt à investir autant dès aujourd’hui ? On en doute…

Tuira Kayapo et sa machette, s'opposant à la destruction de son habitat.

Qui dit nombreux habitants dit besoins de consommation accrus. Le Brésil est un parfait exemple d’agriculture excessive, dont le pays puise une partie de sa richesse. C’est le premier producteur de viande bovine et de volaille. Ces élevages représentent en réalité 80% de la surface déboisée : une grande majorité de la forêt est ainsi détruite à ces fins. Sans oublier qu’il faut environ 15 500 litres d’eau pour produire 1kg de viande de bœuf. Cela engendre une pollution des eaux, ainsi que des mauvaises conditions d’élevage, donc de la souffrance animale… Il y aurait même un surplus de production par rapport à la demande. On peut aussi citer la culture de canne à sucre utilisée pour l’éthanol, de café, de soja… On estime actuellement que 18% de la forêt amazonienne a déjà été rasée. Ce chiffre est alarmant, évidemment, mais il y a tout de même une chance de faire marche arrière si l’on agit dès maintenant.

Le problème principal est sans doute le peu d’intérêt que porte l’Etat à ce problème majeur. La pression des lobbies représentant le monde agricole engendre des lois assouplissant leur travail, qui leur sont accordées, alors que tout le monde sait qu’elles dégradent encore un peu plus notre quotidien (dispense de reboiser ce qui a été déforesté, réduction des zones protégées…). Pourtant, le Brésil ne pourra pas continuellement mettre en œuvre une politique de l’autruche. Certains chiffres ne trompent pas : l’empreinte écologique par personne dans le pays est par exemple supérieure à la moyenne mondiale (3 hag contre 2,6 hag). C’est un signe qui montre que le problème est bien enraciné dans la culture de la population.  Mais d’autres débordements sont de plus en plus inquiétants : le taux de pollution de l’air des grandes villes brésiliennes dépasse largement les limites tolérables établies par l’OMS. Nous en revenons toujours au même cercle vicieux, puisque cette pollution provient principalement de l’exploitation du bois et des feux…


Malgré le fait que le Brésil repose en grande partie sur son exploitation des arbres, pourquoi ne pas entamer un changement de méthode dans la manière de rendre la nation prospère, un virement moins désastreux ? Hélas, le phénomène est déjà fixé sur de véritables réseaux mafieux qui sont plus difficiles à démanteler que ce qu’il y parait.

Les coupes de bois illégales sont communes. Quelques explications sur leur fonctionnement : le bois arrive sur le marché brésilien après avoir été « blanchi » à l’aide de documents obtenus frauduleusement. Ceci s’explique par la vente de bois basée un système de « crédit de coupes » (la quantité commercialisée est traduite en nombre de crédits) très facilement manipulable par des trafics . Entre les Etats, les systèmes contrôlant ces crédits de coupes sont différents, ce qui permet les fraudes. Plus précisément, des crédits reviennent à l’entreprise vendeuse alors qu’ils devraient être transmis à l’entreprise acheteuse : l’entreprise acheteuse les réclame alors, et c’est l’agence environnementale qui rembourse ce déficit (alors que cela ne devrait pas être à eux de le faire). Les crédits sont ainsi doublés tout en donnant l’impression que tout cela soit légal, en faveur de l’entreprise vendeuse. D’un autre côté, certaines entreprises reçoivent l’autorisation de récolter certains bois (comme l’Ipé précieux) alors que l’on se rend ensuite compte que l’Ipé ne poussait pas dans la région qu’ils ont eu l’autorisation de déboiser (ex : société Tecniflora)… Pas de doute : incompétence, non vérification, l’Etat est toujours aussi peu rigoureux sur la surveillance. Nous devons d’ailleurs une majorité de ces informations à la société Greenpeace, qui a fait un travail de recherche formidable. Le taux de déforestation a très légèrement ralenti autour de 2012, mais il a reprit de l’ampleur peu de temps après. On estime que 50% de la superficie actuelle de l’Amazonie va disparaitre dans les prochaines années. Les chiffre est plutôt logique puisque la surface d’un terrain de football disparait toutes les sept secondes environ en Amazonie. Et encore, ce sont les estimations les moins alarmantes parmi les moyennes admises selon les sources.

Il est d’ailleurs étonnant que l’on ne parle pas plus que cela des terrifiants problèmes que traverse le Brésil. Certes, nous sommes tous plus ou moins au courant d’une déforestation alarmante au sein du pays, mais lequel d’entre nous serait capable d’argumenter sur la rupture des barrages miniers à Mariana dans le Minas Gerais ? Cet évènement est pourtant l’un des plus désastreux étant survenu ces dernières années. Un véritable Fukushima brésilien dont on ne prononce pas le nom. Ainsi, en 2015, la rupture de deux barrages miniers a contaminé toute la région. Le village de Bento Rodrigues a été ravagé par des coulées de boue toxique (un mélange constitué de terre, de silice, de résidus de fer, d’aluminium et de manganèse). On retrouve désormais dans les eaux proches du mercure, du plomb, des métaux lourds. Dix-sept personnes on été tuées, des dizaines blessées, et on ne compte pas les centaines d’animaux morts sur le coup. Plus rien ne pourra repousser dans la zone avant longtemps. La rivière Rio Doce, qui elle-aussi a été contaminée, a d’ailleurs été rebaptisée Rio Morto. La rivière morte. Un paradoxe lorsque l’on sait que l’Amazonie contient 1/5 des réserves d’eau douce du monde.


Qu’en est-il de la réputation de poumon de la Terre attribuée à la forêt Amazonienne ? A vrai dire, le surnom est usurpé, la forêt ne fournit pas d’O2 pour le monde entier, pour la simple et bonne raison que les arbres produisent du CO2 en mourant. Par contre, la forêt retient une énorme réserve de carbone en son sein. Carbone qui se libère dans l’atmosphère lors de la déforestation. Ainsi, la forêt amazonienne ne sauvera sans doute pas l’humanité, mais sa fin pourrait précipiter la notre.

En résumé, vous êtes heureux (ou pas) de connaître toutes ces informations, mais en quoi les problèmes du Brésil vous concernent-ils directement ? Vous apprendrez, puisque vous êtes sur une bonne lancée, que la France est le premier importateur européen de bois amazonien. Légal ou non, on ne sait plus vraiment. Quoi qu’il en soit, qu’il s’agisse de meubles ou d’instruments de musique, il est en votre pouvoir de vérifier l’origine du bois utilisé. Aucun mystère : pour prendre part au combat, il vous suffit de dire non bois brésilien. Refusez de l’imposer dans votre vie, puis constatez le résultat. S’il n’y a plus d’acheteurs, il n’y a plus de raison de vendre et de continuer le trafic. Contrairement à ce que l’on pense souvent, le moindre petit geste peut avoir un énorme impact. Il en est de même pour tous les autres points abordés dans cet article : il faut évidemment refuser d’acheter des êtres vivants en animalerie, sans quoi vous prenez le risque d’encourager un ignoble trafic (même si vous achetez un animal qui n’a rien à voir avec le Brésil, il ne faut pas oublier que l’argent que vous avez fourni à l’entreprise pourra être réinvesti dans ce trafic). Les choses ne changeront pas d’un coup, mais il est réaliste de garder espoir.

On compte sur vous, l’avenir est entre vos mains.

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